Un texte de Nicolas Fréret, entraîneur et rédacteur en chef adjoint de Distances+

L’hiver, ne craignez pas le froid, sortez et courez dehors! Si vous êtes convenablement équipé, ce sera un vrai plaisir. C’est en tout cas l’avis unanime de trois coureuses chevronnées, l’athlète Lyne Bessette, l’humoriste Geneviève Gagnon, et Josée Prévost, la propriétaire des boutiques Maison de la course. Nous leur avons demandé quel était l’équipement idéal pour courir l’hiver au Québec, et surtout, pour s’amuser au 24h Tremblant, peu importe les conditions.


credit photo: Nancy Létourneau

Josée Prévost conseille tout d’abord de s’y mettre dès le début de l’hiver pour s’adapter progressivement au froid. « La première fois, c’est toujours difficile, mais ça passe », assure-t-elle.

« Je trouve que les gens s’habillent souvent trop quand ils vont courir, même quand il fait très froid », déplore pour sa part Lyne Bessette.

« Quand on est trop habillé, on ne fait pas de belles courses », reconnaît Geneviève Gagnon, alias « Cours Toutoune », qui s’efforce de désacraliser la course à pied avec ses capsules vidéo sur le web. « Les gens ont peur d’avoir froid, mais je leur dis qu’ils vont rapidement se réchauffer et se sentir bien. »

Comme de fait, « on a un système de thermorégulation intégré à notre corps », rappelle Josée Prévost. En gros, en s’activant il produit de la chaleur, et cette chaleur se maintient tant que l’on reste en mouvement. Il faut en revanche bien se protéger les oreilles, le cou, les mains et les pieds, car, par grand froid, le corps est programmé pour maintenir en priorité les organes à une température de 37 degrés Celsius. Les extrémités du corps, elles, sont « sacrifiées ».

Se protéger le haut du corps

Les coureurs suivent généralement la règle des trois couches lorsque les températures dégringolent en dessous du point de congélation.

Le principe est de superposer trois vêtements techniques : une première couche respirante, près du corps, qui permet d’évacuer la transpiration pour rester au sec, une seconde couche qui assure l’isolation thermique pour ne pas laisser entrer le froid et ne pas laisser sortir la chaleur du corps, et une troisième couche imperméable qui coupe le vent.

Se protéger le bas du corps

« Il vaut mieux privilégier les pantalons fabriqués avec un tissu qui coupe le vent devant et un tissu qui respire derrière », conseille Josée Prévost.

L’ancienne championne de cyclisme Lyne Bessette, qui consacre ses hivers au skimo (ski de montagne), privilégie « des collants pas trop épais », parce que, dit-elle, « j’aime me sentir comme si j’étais nue quand je cours. »

Les hommes apprécieront une protection au niveau de l’entrejambe (certains optent pour l’ajout d’un short par-dessus le collant), tandis que les femmes seront soucieuses de ne pas avoir froid aux fesses, dit Josée Prévost. « La nouvelle mode, c’est une jupe coupe-vent molletonnée. Je ne la recommande que s’il fait extrêmement froid, disons en dessous de moins 20 degrés. »

À cette température, Geneviève Gagnon ne jure que par les vêtements en laine de mérinos ou en polar. « Le mérinos, c’est dispendieux, mais vous allez le garder longtemps », promet-elle. Attention toutefois à la proportion de laine de mérinos dans les vêtements techniques (elle est précisée sur la boîte du produit) que vous trouverez notamment dans les boutiques spécialisées. Plus elle est élevée, plus vous aurez chaud.

Se protéger la tête

Une tuque, qui couvre aussi le front et les oreilles, et un tube pour le cou sont indispensables l’hiver. Quand il fait très froid, on peut opter pour une cagoule intégrale avec une grille devant le nez pour respirer, même si « on a l’air d’un bandit », plaisante Josée Prévost.

« Mais ne vous couvrez pas trop la tête, prévient Geneviève Gagnon. On veut une petite tuque (technique) qui respire, pas une grosse tuque en laine. Ça, c’est épouvantable! »


credit photo: Courtoisie

Lyne Bessette ne sort jamais sans un foulard qu’elle met ponctuellement devant sa bouche pour réchauffer sa respiration quand elle en a besoin.

Enfin, Josée Prévost recommande fortement une crème anti-froid pour le visage, les mains et les pieds, tout particulièrement la « Cold » d’Akileine.

Se protéger les mains

Courir avec des gants, c’est bien – encore faut-il en trouver qui tiennent les mains au chaud – mais courir avec des mitaines, dans lesquelles les doigts sont les uns contre les autres, c’est mieux, estime Josée Prévost.

Elle donne au passage deux petits trucs utiles : « sortez vos mains dehors une minute de temps en temps pour évacuer l’humidité. Et, pour les réchauffer, ouvrez et fermez-les plusieurs fois de suite. »

Se chausser adéquatement

Au Québec, il faut composer avec la neige, la glace et la slush. On peut donc privilégier une chaussure avec membrane imperméable et de gros crampons, selon Josée. « Par contre, le pied peut devenir mouillé par la transpiration du coureur, donc elles ne sont pas recommandées pour un entraînement en intensité ». Dans ce cas, il vaut mieux « choisir un modèle ventilé comme des souliers de trail classiques. Avec un bas de laine mérinos de qualité, ils conviennent dans la majorité des situations. »

Pour courir malgré la pluie verglaçante, « les seules solutions sont des chaussures équipées de crampons de métal ou des crampons que nous ajoutons à notre chaussure. C’est un peu moins confortable, mais parfois, c’est ce qu’il faut pour sortir de chez soi en sécurité », dit-elle.

Courir en sécurité

Si vous courez le matin ou le soir, il y a de bonnes chances que votre sortie soit nocturne. Pour bien voir, une lampe frontale est recommandée. Pour être bien vu, vous pouvez porter un brassard réfléchissant ou un gilet fluorescent.

S’il vous reste du budget, vous pouvez compléter votre kit de course hivernal avec une paire de lunettes de soleil antibuée.

Tous les experts le disent : il n’y a pas de raisons de s’empêcher de sortir courir l’hiver.  Il faut s’adapter en portant les bons vêtements et en allant chercher les bons conseils, afin que l’entraînement reste un véritable plaisir.